Le licenciement pour motif économique est un sujet complexe et souvent source d’inquiétude tant pour les employeurs que pour les salariés. Cet article vise à vous éclairer sur les différentes étapes de cette procédure, ainsi que sur les droits et obligations des parties concernées.
Les fondements du licenciement pour motif économique
Contrairement au licenciement pour motif personnel, qui repose sur la faute ou l’insuffisance professionnelle du salarié, le licenciement pour motif économique résulte d’une décision de l’employeur liée à des difficultés économiques, techniques, organisationnelles ou financières de l’entreprise. Il s’agit d’une mesure de dernier recours, lorsque l’employeur ne parvient plus à assurer la pérennité de son activité et qu’il doit donc supprimer des postes de travail.
Pour être légalement justifié, un licenciement économique doit remplir certaines conditions :
- L’existence d’un motif économique réel et sérieux, tel qu’une baisse significative des commandes ou du chiffre d’affaires, une réorganisation nécessaire à la sauvegarde de l’entreprise ou encore une cessation d’activité.
- La suppression définitive du poste occupé par le salarié concerné.
- Une impossibilité de reclasser le salarié dans un autre emploi au sein de l’entreprise ou du groupe, en tenant compte de ses compétences et qualifications.
- Le respect des règles relatives à l’ordre des licenciements, qui dépendent notamment de l’ancienneté, des charges de famille, des capacités professionnelles et de la situation sociale des salariés.
La procédure de licenciement pour motif économique
La procédure à suivre varie en fonction du nombre de salariés concernés par le licenciement économique :
Licenciement individuel ou de moins de 10 salariés sur 30 jours
Dans ce cas, l’employeur doit convoquer chaque salarié concerné à un entretien préalable, avec un délai de 5 jours ouvrables entre la réception de la convocation et la date de l’entretien. Au cours de cet entretien, l’employeur doit expliquer les raisons du licenciement envisagé, les mesures envisagées pour reclasser le salarié et les critères retenus pour déterminer l’ordre des licenciements. Le salarié peut se faire assister par une personne de son choix appartenant au personnel de l’entreprise ou, en l’absence d’institution représentative du personnel, par un conseiller extérieur.
Au terme d’un délai minimum de 7 jours ouvrables après l’entretien préalable (15 jours pour les cadres), l’employeur peut notifier le licenciement par lettre recommandée avec accusé de réception. Cette lettre doit mentionner la possibilité pour le salarié de bénéficier d’un congé de reclassement et préciser les motifs économiques du licenciement.
Licenciement collectif de 10 salariés ou plus sur 30 jours
L’employeur doit élaborer un plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), qui prévoit des mesures destinées à éviter ou limiter les suppressions d’emplois, ainsi qu’à faciliter le reclassement des salariés licenciés. Le PSE doit être soumis pour avis au comité social et économique (CSE) et à l’autorité administrative compétente.
La procédure de consultation du CSE comprend plusieurs étapes :
- Information du CSE sur le projet de licenciement collectif, les motifs économiques, le nombre de salariés concernés, les critères retenus pour l’ordre des licenciements, les mesures envisagées pour reclasser les salariés et les dispositifs d’accompagnement prévus par le PSE.
- Mise en place d’un calendrier prévisionnel des réunions avec le CSE, qui dispose d’un délai minimum de 2 mois pour rendre son avis sur le projet.
- Négociation d’un accord collectif avec les organisations syndicales représentatives, portant sur les mesures sociales et économiques contenues dans le PSE.
Une fois la procédure de consultation achevée et l’accord collectif conclu ou validé par l’autorité administrative, l’employeur peut procéder aux licenciements individuels selon les mêmes modalités que pour un licenciement économique individuel.
Les droits des salariés licenciés pour motif économique
Les salariés concernés par un licenciement économique bénéficient de plusieurs droits et garanties :
- Une indemnité légale de licenciement, dont le montant minimum est fixé par la loi en fonction de l’ancienneté du salarié et de son salaire mensuel brut. Cette indemnité peut être majorée par une convention collective ou un contrat de travail.
- Une indemnité compensatrice de préavis, équivalente à la rémunération que le salarié aurait perçue s’il avait accompli son préavis. Le montant et la durée du préavis sont déterminés par la loi, la convention collective ou le contrat de travail.
- Un congé de reclassement, qui permet au salarié de bénéficier d’un accompagnement personnalisé pour retrouver un emploi, sous réserve qu’il renonce à l’exécution de son préavis. La durée du congé varie entre 4 et 12 mois, selon l’effectif de l’entreprise et les dispositions conventionnelles applicables.
- Le bénéfice d’un contrat de sécurisation professionnelle (CSP), qui offre au salarié une indemnisation spécifique ainsi qu’un ensemble de mesures d’aide au retour à l’emploi (formation, validation des acquis de l’expérience, création ou reprise d’entreprise).
En cas de contestation du licenciement économique, le salarié peut saisir le conseil de prud’hommes dans un délai de 12 mois à compter de la notification du licenciement. Si le juge considère que le licenciement est dépourvu de cause réelle et sérieuse, il peut ordonner la réintégration du salarié dans l’entreprise ou, à défaut, lui accorder des dommages et intérêts.
Le licenciement pour motif économique est donc une procédure encadrée par des règles strictes, qui visent à protéger les droits des salariés tout en permettant aux entreprises de faire face aux difficultés qu’elles rencontrent. Il convient néanmoins de ne pas négliger les alternatives possibles au licenciement, telles que la réduction du temps de travail, la mobilité interne ou encore les aides financières pour la formation et l’emploi.